L’affaire avec les résolutions, c’est que ça met une pression pas possible, c’est rarement tenu et ça sonne souvent comme une injonction. Ça gosse, les résolutions. Mais pour certaines personnes, elles sont importantes. Donc, on peut décider que cette petite liste en est une de résolutions, mais aussi, pourquoi pas, d’idées. Parce que les idées, ça se discute, ça s’analyse, ça fluctue. Bref, résolutions ou idées; choisissez ce qui vous convient. Mais voici un petit top 10 d’éléments qui, à mon humble avis, peuvent nous aider à atteindre une sexualité plus sereine et libre.
#1 Avoir plus d’écoute
À mon sens, la première chose à faire est d’écouter. L’écoute permet de s’ouvrir aux différentes expériences des gens autour de nous à propos de la sexualité, que ce soit au niveau de l’orientation sexuelle, de l’identité, de la configuration amoureuse, de la présence ou l’absence de sexualité, etc. Prendre un temps pour demander: comment ça fonctionne pour toi? Comment tu vis ça? Question de briser les idées toutes préconçues et avoir accès à de vrais témoignages qui peuvent nous en apprendre sur la diversité. Et la sexualité tout court. Car nulle part n’existe une recette qui s’applique à tous.tes. Il y autant de façons de vivre sa sexualité que d’êtres humains sur la planète.
#2 Faire preuve d’empathie
L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place de l’autre pour mieux comprendre sa situation. Pour ce faire, l’écoute – nommée ci-haut – est primordiale. Donc, étape 1: écouter. Étape 2: faire preuve d’une assez grande ouverture pour accepter que sa propre expérience n’est pas représentative de toutes les expériences. Ça demande une capacité à se dire: et si je vis ça, moi aussi, comment je me sens/je réagis? À ce sujet, je ne saurais trop vous recommander l’essai Is everyone equal? An Introduction to Key Concepts in Social Justice Education (2017). Une véritable perle qui shake les préjugés et fait réaliser que, ouf, on est pas encore sorti du bois côté inégalités et inéquités…
#3 Prendre au sérieux le consentement
On le dit et on va le redire encore: le consentement, c’est important. Primordial, même. J’ai trop souvent vu des gens eyeroller à s’en fouler les paupières en entendant ce mot. Et combien de fois j’ai entendu: « ben voyons, on est ben rendu.es sensibles!» ou « c’est donc ben compliqué!» Si c’est compliqué, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche et/ou qui n’a pas été compris. Et ce n’est pas une question de sensibilité, c’est une question de respect. D’écoute. De compréhension. Des mots qui devraient faire partie de nos résolutions chaque année et dans toutes les situations de la vie, à mon humble avis.
À lire aussi: Comment parler de consentement sexuel?
#4 Sortir de l’injonction à la pénétration
J’aborde souvent le sujet, je sais. Mais c’est qu’il est important. On a tellement longtemps considéré – et pour plusieurs personnes, c’est encore le cas – que la sexualité devait absolument être pénétrative. Alors qu’il s’agit d’une façon parmi des tas d’autres de vivre sa sexualité. On peut avoir une vie sexuelle totalement épanouie sans pénétration. Il faut s’enlever de la tête qu’elle est obligatoire, particulièrement dans les rapports hétéronormatifs.
Je vous recommande Jouir de la journaliste canadienne Sarah Barmak, paru en 2019 chez Zone Éditions. Sans oublier l’ouvrage essentiel de Martin Page, dont le titre dit tout: Au-delà de la pénétration.
Bref, vous cherchiez des résolutions simples à tenir? Lire plus, c’en est une! 😉
À lire aussi: Au-delà de la pénétration: ode à la diversité des pratiques sexuelles
#5 Comprendre que le sigle LGBTQ+ n’est pas compliqué et que, oui, il va encore évoluer (get over it!)
« Voyons, ça va-tu arrêter de s’allonger cet acronyme-la, ça a pas d’allure! »
De 1) je pense qu’il y a des choses éminemment plus complexes dans la vie qu’un acronyme qui s’allonge (essayez de trouver un médecin de famille, pour le fun) et de 2) il va certainement continuer à devenir plus long et plus étoffé. Parce que chaque lettre représente un groupe de personnes qui, dans notre société, sont actuellement minorisées. Oui minorisé et non minoritaire. Parce que même quand certains de ces groupes deviennent majoritaires, il demeure qu’ils sont minorisés, c’est-à-dire qu’on diminue leur valeur et on les prive de certains services et/ou leviers sociaux auxquels d’autres groupes peuvent avoir accès. Cette discrimination se fait, entre autres, sur la base, par exemple, de l’orientation sexuelle, de l’identité et/ou l’expression de genre, etc.
Ces groupes vivent aussi à l’intersection de plusieurs oppressions. Par exemple, être femme (sexisme), noire (racisme) et lesbienne (homophobie, lesbophobie) fait en sorte que la personne est confrontée par, au minimum, trois axes d’oppression. Le rapport avec le sigle LGBTQ+? Eh bien, pouvoir être nommé comme groupe (ex.: lesbienne) peut aider à valider le parcours de la personne et, aussi, faire ressortir et comprendre qu’il existe des types de contraintes et violences qui sont spécifiques à ces groupes.
Parmi vos résolutions, on trouve celle de retourner sur les bancs d’école? Prenez le cours Intersectionnalité et sexualités à l’UQAM, ça va vous faire réfléchir pas mal.
#6 Prendre le temps de s’informer sur le genre, l’identité et l’expression de genre
Il serait vraiment temps qu’on allume et qu’on s’informe sur ces notions. Qu’on élargisse notre vision des choses par rapport à la fluidité des genres et qu’on sorte enfin de ces divisions binaires (féminin/masculin, homme/femme, mâle/femelle) qui, au final, ne définissent pas tant ce qu’est, fondamentalement, une personne. On peut naître avec un vagin et se considérer homme. Naître avec un pénis et se considérer femme. On peut se considérer non binaire. On peut se dire agenre. Le vocabulaire est fluctuant et riche et continuera à s’adapter (revoir le point précédent).
Oui, on peut être déstabilisé.e, dans l’incompréhension voire perplexe face à ces nouvelles définitions. Mais au lieu de se braquer et dire qu’il s’agit-là de «lubies» ou que c’est fait – comme on l’entend malheureusement trop souvent – pour «attirer l’attention», je vous suggère de vous demander en quoi ça vous dérange et/ou vous heurte et qu’est-ce que ça vient chercher en vous. Vous allez probablement rapidement réaliser que 1) ça change sweet fuck all à votre vie, 2) ce n’est pas réellement de vos affaires et 3) il y a certainement une bonne raison derrière cette volonté de se définir en-dehors des normes établies. Pour rappel également: à toute époque des gens ont voulu faire éclater les normes genrées, donc… rien de nouveau sous le soleil!
#7 S’ouvrir aux différentes configurations amoureuses
Le couple éclate (et parfois s’éclate!) et devient plus ouvert, inclusif et s’offre de nouvelles permutations? Pourquoi pas! Il faut dire que le modèle qui veut que deux personnes s’aiment et se jurent fidélité et amour jusqu’à la fin des temps n’a pas toujours offert de bons résultats. Il est normal qu’on souhaite dépoussiérer les idées qui ne correspondent pas toujours à ce qu’on veut faire de sa vie amoureuse, affective et/ou sexuelle.
Et, entendons-nous: je ne dis pas ici qu’il faut absolument que vous testiez une autre façon de faire les choses, sinon votre couple dit «traditionnel» est voué à l’échec. Pas du tout! Je parle ici d’avoir simplement du respect pour celles et ceux qui ont envie d’explorer des configurations amoureuses différentes. Arrêtons de juger, de prédire la fin d’une relation si elle ne correspond pas à celui du couple avec deux personnes (il n’est pas plus durable, alors arrêtons de nous leurrer) et de stigmatiser des gens qui ne font absolument rien de mal et en ont probablement même à nous apprendre sur la gestion des relations amoureuses, affectives et/ou sexuelles!
Je vous recommande les ouvrages suivants : The Ethical Slut et De polyamour et d’eau fraîche.
#8 Se rappeler que la sexualité dure toute la vie
Elle n’est pas seulement réservée aux corps et aux personnes jeunes. Absolument pas! Il faut arrêter de croire que la sexualité s’arrête en vieillissant, parce que non seulement elle continue, elle peut même s’améliorer, devenir plus intéressante, se diversifier. Bien sûr, elle est différente et le corps change, peut se fragiliser, il y a parfois aussi des problèmes de santé. Mais il demeure que l’on est désirant.es jusqu’à la fin de notre vie (si la sexualité est quelque chose que l’on veut et choisi dans sa vie, bien sûr). Et il ne faudrait pas l’oublier. Encore mieux, on doit le montrer! C’est d’ailleurs ce que fait l’organisme Les 3 sex avec sa série de vidéos intitulée On existe. Ça existe. et qui met de l’avant les témoignages de personnes de 55 ans et + à propos de la sexualité.
#9 Fuck la grossophobie!
Si la sexualité n’est absolument pas juste pour les corps jeunes, elle n’est pas non plus l’apanage des corps minces. Et ça, il faut vraiment qu’on se le rentre dans la tête une fois pour toutes. Tous les corps sont valides et désirables, point barre.
Je vous recommande les ouvrages suivants : Grosse et alors? et La vie en gros : regard sur la société et le poids
#10 Parler plus ouvertement de sexualité
Il faut que la sexualité arrête d’être tabou. Il faut qu’on en discute ouvertement et sans crainte. Car, plus on se tait à ce sujet, moins les idées avancent, moins les mentalités évoluent et les changements ne s’opèrent pas sans réflexions et prises de parole. Donc, continuons et faisons en sorte que, parmi nos résolutions, se trouve celle de faire plus et mieux pour la sexualité, et ce, pour le bien-être de tous et toutes.
Et vous, quelles sont vos résolutions, idées, défis, projets en 2023 par rapport à la sexualité? Dites-moi! 🙂
Crédit photo: Kelly Sikkema via Unsplash