convaincre consulter sexologue

Comment convaincre un.e partenaire de consulter un.e sexologue ?

Les débuts d’année sont signe de bilans, résolutions et autres mises au point pour repartir du bon pied. Cela touche souvent plusieurs sphères de la vie que l’on veut améliorer, dont la configuration relationnelle. Si on est prêt.e à rebrasser les cartes pour changer les choses, ce n’est pas toujours le cas du, de la ou des partenaires. Que faire alors pour convaincre notre ou nos douces moitiés d’aller consulter un.e sexologue ? Voici quelques conseils. 

Note : évidemment, je parle ici de situations exemptes de violence et de coercition, où la communication est assez bonne pour installer ces types de stratégies. 

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Le faire dans le bon contexte, au bon moment et pour les bonnes raisons

Pendant un malentendu, crier à votre partenaire qu’il ou elle aurait intérêt à consulter ? Pas l’idée du siècle. Lancer cela à la blague devant des ami.e.s, en espérant passer un message? Pas génial et cela peut être gênant pour la personne. Mieux vaut préparer le terrain et s’assurer d’être dans un contexte approprié pour le faire. Comme on l’indique sur le site médical Very Well Mind, pour amener son, sa ou ses partenaires à consulter, il est préférable que cette volonté émerge de l’amour et de la compassion que l’on a envers cette ou ces personnes, plutôt que de le faire parce qu’on juge la personne et qu’elle nous fait honte.  

Entre « Je m’inquiète pour toi, je pense que ça te ferait du bien de pouvoir parler avec un.e professionnel.le » versus « C’est vraiment gênant quand tu fais telle ou telle chose, consulter ça ne te ferait pas de tort! », l’approche bienveillante a plus de chance d’être bien accueillie plutôt que les reproches.

Encourager et responsabiliser plutôt que convaincre

Inutile de forcer les choses; la personne doit avoir l’élan et l’envie de consulter pour que cela se passe. Plutôt que d’insister, voire prendre un rendez-vous pour elle et la mettre devant le fait accompli, mieux vaut lui proposer d’en discuter et nommer les éléments qui vous poussent à croire que cela pourrait lui être bénéfique. Pour ce faire, on peut encourager la personne en lui nommant les bienfaits qu’apporte une thérapie. Par exemple, on sait que les hommes consultent beaucoup moins que les femmes, autant pour l’aide médicale que psychologique. Parmi les raisons évoquées, les hommes entretiennent la croyance qu’ils doivent être autonomes et forts. Et que parler des émotions et sentiments ne fait pas partie de leur fonctionnement, ce qui peut générer de la gêne et de la honte. 

On peut rappeler que le rôle du ou de la thérapeute est justement de créer l’espace pour se confier sans jugement ni à priori. De plus, le secret professionnel fait que rien de ce qui est nommé ne peut être divulgué (à moins que cela ne mette la personne ou son entourage en danger, par exemple). Il est aussi possible de nommer ses propres limites à aider/écouter/recevoir étant donné votre implication intime avec la personne. On peut également lui faire comprendre que chacun.e a sa part à faire dans la configuration relationnelle, que cela n’a pas à reposer sur une seule personne. 

Miser sur l’agentivité de la personne

En plus de la responsabiliser, il est aussi souhaitable de lui démontrer qu’il s’agit d’une question d’agentivité. C’est-à-dire qu’on fait comprendre à la personne qu’on a confiance en sa capacité à se prendre en charge et à agir sur sa propre personne, mais aussi sur les autres et son environnement. En misant sur ses capacités, on lui remet en main le pouvoir de s’investir dans son propre bien-être et d’agir sur sa relation et, ultimement, sa vie. C’est quelque chose que l’on veut encourager chez chaque personne. 

Utiliser la communication non violente 

Proposée par le psychologue américain Marshall B. Rosenberg, cette technique permet de communiquer un besoin à l’autre personne en s’assurant de le faire avec bienveillance, mais également en se responsabilisant face à la demande effectuée. Elle se fait en 4 étapes : 1) amener des faits observables, 2) nommer les sentiments que cela apporte, 3) lier les sentiments ressentis au besoin non comblé et 4) effectuer une demande claire et négociable. Prenons un exemple : 

  1. « Je remarque que, depuis un moment, il y a plus de conflits entre nous deux. »
  2. « Ça crée de l’insécurité et ça me stresse. »
  3. « J’ai besoin qu’on puisse mieux communiquer et qu’on trouve des solutions pour qu’il y ait moins d’accrochages. »
  4. « Je pense que consulter en thérapie pourrait améliorer la situation. Serais-tu d’accord pour qu’on en discute? »

Cette façon d’adresser les choses permet, en utilisant le JE plutôt que le TU, d’éviter les reproches, de prendre en charge la démarche et de proposer une solution flexible et qui peut être discutée. Le but est vraiment d’éviter d’envenimer les choses et de se donner l’espace nécessaire pour discuter calmement et avec respect. 

À LIRE : Ça fait quoi, au juste, un.e sexologue?

Parler des bénéfices liés à la thérapie

De nombreuses personnes croient souvent que leur problématique sexologique n’est pas « assez importante » et que cela ne nécessite pas de suivi thérapeutique. Pourtant, bien des sujets peuvent être abordés dans le bureau d’un.e sexologue et même les choses qui peuvent sembler les plus insignifiantes sont souvent porteuses de sens et en disent long sur le fonctionnement d’une personne. Au-delà de la situation à régler qui vous amène à encourager votre partenaire à consulter, on peut lui faire comprendre qu’un suivi sexologique est l’occasion de mieux se connaître soi-même face à sa sexualité, défaire des mythes et tabous entourant le sujet, analyser ses besoins, connaître ses limites, comprendre ce qui motive certains comportements, etc.

Partager vos propres démarches

Si vous souhaitez que votre ou vos partenaires consultent, c’est probablement que vous connaissez vous-même les bienfaits d’une thérapie. Pour motiver la personne à s’investir dans un suivi thérapeutique, il peut être bénéfique de parler de ce que vous-même allez faire pour améliorer la situation. Et ce, même si vous croyez que c’est l’autre qui a besoin d’y aller et pas vous. En effet, s’il y a une problématique à adresser dans la relation, cela affecte tout le monde, à différents degrés. 

Disons que votre partenaire rencontre une panne de désir sexuel. De votre côté, tout va bien, le désir est présent et vous n’avez pas de souci particulier à ce sujet. Vous serez peut-être porté à penser que c’est seulement à lui ou elle d’aller consulter. Cependant, la situation vous affecte probablement aussi. Votre désir est-il comblé? Cela amène-t-il des frustrations? Des questionnements sur l’attirance de votre partenaire? Savez-vous comment gérer cette différence de désir? Ce sont des éléments qui peuvent aussi être adressés de votre côté. Sans dire que tout le monde doit aller consulter – si on n’en sent pas le besoin, c’est correct aussi! – cela est surtout pour démontrer qu’il y a souvent des bénéfices auxquels on n’a pas nécessairement pensé, et ce, des deux côtés. 

Ainsi, parler de ce que vous pourriez faire de votre côté –  que ce soit consulter, améliorer les communications en faisant des check in plus fréquents avec votre partenaire, avoir plus d’initiative, vérifier plus souvent comment va votre douce moitié – peut aider l’autre personne à voir que vous êtes aussi investi.e et que cela vous tient à cœur.

Proposer une thérapie de couple

Être accompagné.e pour faire ce type de cheminement peut aider à trouver de la motivation. Sans enlever le fait qu’il peut être très difficile de communiquer certaines choses sensibles à son.sa, ses partenaires devant un.e inconnu.e, il demeure que l’espace sécuritaire installé par le ou la thérapeute permet de garder un cadre respectueux et contrôlé, ce qui peut faciliter les échanges et éviter les débordements.  

La thérapie de couple peut être bénéfique pour améliorer les communications, aborder des sujets sensibles dans un contexte sécuritaire, clarifier les attentes de part et d’autre, mieux communiquer ses besoins et ses limites, installer une coopération, valider les buts communs, etc. Cela peut grandement aider à déterminer où en est le couple et quelles stratégies utiliser pour améliorer la situation. Et, dans certains cas, de voir comment la relation peut se terminer dans les meilleures conditions possibles. 

Le présenter comme un investissement plutôt qu’une dépense

Dans notre conjoncture économique, il est évident qu’un suivi thérapeutique constitue un poids financier considérable pour de nombreuses personnes. Par contre, il se peut qu’une personne puisse payer ce type de service, mais hésite parce qu’elle privilégie certaines dépenses. On peut lui rappeler que ce genre de démarche fait aussi partie des soins en santé. Au même titre qu’un suivi médical, par exemple. La santé mentale de bien des gens a été grandement fragilisée ces dernières années (pandémie, conflits mondiaux, écoanxiété, montée des violences, etc.); il est important de la mettre dans les priorités. 

On peut dire qu’il s’agit d’un investissement dans son bien-être, pour sa santé globale et afin d’être mieux au quotidien. Il ne faut pas hésiter à rappeler qu’il n’y a rien de honteux ni de gênant à consulter; au contraire! Ça prend du courage et de la force pour se confronter à ses enjeux personnels. Se donner le droit d’être bien accompagné.e pour ouvrir ces tiroirs-là dans notre tête, c’est un beau cadeau à s’offrir. 

Une responsabilité personnelle 

De façon générale, il ne faut rien forcer. On veut s’assurer de faire cette démarche parce qu’on tient à la personne et son bien-être. D’ailleurs, on peut lui refléter cela: si on nomme le problème, c’est qu’on trouve la relation et cette personne importantes. Ce n’est pas rien! 

Que la personne décide de s’investir dans une thérapie ou non, l’important c’est que vous avez nommé un besoin ressenti. Par contre, vous n’êtes pas responsable de l’autre. Vous ne pouvez pas faire les démarches pour la personne; c’est à elle de se lancer. Votre rôle est de l’encourager et la soutenir dans son processus. Si elle s’y refuse, c’est à vous de voir l’impact sur la relation et votre propre personne. Et si cela est viable ou non. Chacun.e est responsable de son propre bonheur. 

Image de une : SHVETS production

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