Ceci est mon sang - Elise Thiebaut

Pourquoi il faut lire «Ceci est mon sang» d’Élise Thiébaut

C’est simple: cet essai d’Élise Thiébaut devrait être proposé en lecture obligatoire au cégep.

Parler menstruations, intelligemment

Cet ouvrage est drôle, limpide et bourré d’exemples pigés tout autant dans la culture populaire qu’à l’intérieur d’un bassin de références plus historiques et «intellectuelles». Il éduque et informe sans jamais tomber dans le name droping.

L’auteure évite ainsi cette fâcheuse habitude qu’ont certain.e.s de nommer tout un florilège de noms, probablement aussi obscurs que le nombre de personnes qui liront leur essai, d’ailleurs. C’est un essai intelligent et rafraîchissant, même si, pourtant, ce n’est pas évident de parler menstruations de manière séduisante.


Fascinantes règles

Il est vrai que le sujet m’intéresse à la base. Ajoutons que je ne suis pas la lectrice lambda qui aura simplement envie d’un bon divertissement littéraire. C’est, en fait, un thème qui m’interpelle vraiment. BEAUCOUP. En effet, une grande partie de ma vie s’est passée à me soucier de ce qui coule entre mes jambes mensuellement. Et ce, pour diverses raisons: douleurs très intenses, inconfort, fatigue extrême, dégoût prononcé pour le sang menstruel. Une haine générale de ce moment du mois. Comme il revient cycliquement (quelle chance! #not), il faut s’y faire. MAIS, ça n’empêche pas de questionner ce qui tourne autour de ces rituels féminins cachés, même encore aujourd’hui.

Ce livre m’a fait revivre tout mon historique menstruel. La première fois que j’ai eues mes menstruations, après le premier cycle, j’ai continué à porter des serviettes sanitaires. Par peur que ça arrive à tout moment, sans crier gare. Ma mère a certainement dû trouver que la réserve de serviettes ne durait pas longtemps! J’ai dû hurler intérieurement en sachant que ça partait, mais que ça revenait chaque mois. Parce que, quand on y pense, c’est SOUVENT, une fois par mois! C’est d’ailleurs ainsi que débute Ceci est mon sang. L’auteure, qui a eu ses règles pendant 40 ans, fait le décompte des jours «marqués par l’écoulement». Résultat? 2400, en enlevant grossesse et «errances de la pré ménopause», explique-t-elle. Quand même.


La moitié de la planète s’y colle

De nombreuses personnes auront a passer par là et devront apprendre à gérer leurs règles. Il y a le choix à faire entre tampon, serviette, coupe menstruelle (et même flux instinctif, pourquoi pas!). Ou encore un contraceptif (pour ne plus en avoir ou réduire les douleurs menstruelles). Certaines seront touchées par des problématiques comme l’aménorrhée (absence de menstruations), la dysménorrhée (menstruations difficiles) ou l’hyperménorrhée (menstruations abondantes et prolongées). Mais tout le monde devrait lire ce livre. Peu importe son genre ou son sexe.

Dans les (quelques faméliques) cours d’éducation sexuelle offerts actuellement au primaire, il semble qu’on sort les garçons des classes pendant qu’on parle menstruations. Par pour rien qu’on ait encore à dissimuler tampons et serviettes quand on doit aller à la toilette; on poursuit le tabou. Personnellement, j’essaie de moins en moins de cacher ma serviette sanitaire quand je dois la changer au boulot. Parce que je trouve ça ridicule. Je suis menstruée, je dois utiliser une serviette; get over it.

Un ouvrage nécessaire

C’est un essai qui fait du bien et qui remet en perspective tout ce qui a été dit et pensé sur les règles. Il nous replonge dans une histoire qu’il est nécessaire de revoir afin de mieux comprendre à quel point on est en retard dans nos connaissances sur les menstruations. Car on commence à peine à parler d’endométriose, alors que c’est près de 180 millions de femmes qui en souffrent dans le monde, soit deux femmes sur 10*. Maladie qui cause des douleurs importantes, mais qiui peut aussi être une cause d’infertilité. Sans oublier que les douleurs dues aux menstruations seraient la première cause d’absentéisme des femmes au travail!

Ce livre est non seulement fort intéressant, mais il fait oeuvre utile. Il devrait être remis entre les mains de toutes les jeunes personnes qui commencent leurs règles. Pas pour les effrayer (plusieurs statistiques font peur à voir), mais bien pour leur expliquer précisément de quoi il en retourne afin de leur offrir tous les outils pour bien comprendre leur corps. Parce que même à 37 ans, on vient à peine de commencer à me dire que de prendre des contraceptifs en continu et donc, de ne pas avoir de règles, ce n’est pas dangereux pour le corps. J’ai entendu tout l’inverse toute ma vie. Faut le faire.

Excellente lecture qui me donne bien envie, moi aussi, d’écrire un livre sur le sujet. À suivre…

*Source: Endométriose Québec

Je vous invite à vous procurer le magazine Québec Science sur le sexe féminin où l’on parle, évidemment, de menstruations.

À lire aussi: Dix faits méconnus sur les menstruations

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